«Bien jouer commence par être bien organisé»

Portrait de Fabrice Reuse
La prochaine Assemblée des délégués de l’ASM, le 26 avril 2025, prévoit notamment l’élection d’un nouveau membre à la direction en remplacement d’Eric Kunz. L’Association cantonale des musiques valaisannes propose la candidature de Fabrice Reuse. Dans un entretien, il revient sur son parcours et ses motivations.

Fabrice Reuse, pouvez-vous vous présenter en quelques mots?

Originaire de Sembrancher, je suis né en 1967 à Vétroz. Ma famille a ensuite déménagé à Martigny. Aujourd’hui j’habite à Martigny Combe, suis marié et père de trois enfants.

Quel est votre parcours musical?

J’ai commencé la musique à 13 ans. Peut-être un peu tard, mais j’ai été plongé assez rapidement dans le bain, puisque j’ai occupé le poste de cornet soprano au sein de l’Union, l’une des deux fanfares du village. J’ai commencé mes études au Conservatoire de Sion, puis les ai poursuivies à celui de Fribourg, dans la classe de Jean-François Michel, où j’ai obtenu le diplôme d’enseignement de la trompette. Ensuite, j’ai rejoint l’armée – il y a 30 ans – et suis devenu officier de carrière au sein de la musique militaire. Plus tard, j’ai complété ma formation par un diplôme de direction d’orchestre à la Haute Ecole de Berne. Enfin, je suis formateur et expert J+M.

Portrait de Jean-François Michel Foto: JFM
C’est à Fribourg, sous la houlette de Jean-François Michel, que Fabrice Reuse a obtenu son diplôme d’enseignement de la trompette.

Et vous avez très certainement roulé votre bosse à l’instrument…

On peut le dire, oui. J’ai joué dans les rangs de nombreuses fanfares, de l’Ensemble de Cuivres Valaisan, ainsi que dans une formation plus classique, «Consonances», que nous avions formée ici en Valais. Sans oublier quelques engagements d’orchestre et autres spectacles…

… ainsi qu’à la baguette…

Effectivement. J’ai débuté la direction à l’Union de Bovernier, puis ai repris La Tour-de-Peilz et enfin La Collongienne – de Collonges comme l’indique son nom – durant 17 ans. Sans oublier de nombreuses expériences de direction au sein de la musique militaire. Lors de cours de répétition, mais aussi et peut-être surtout à la tête du Swiss Army Brass Band pendant cinq ans.

Fabrice Reuse en uniforme du Swiss Army Brass Band Foto: Centre de compétence de la musique militaire
Le Valaisan a dirigé le Swiss Army Brass Band pendant cinq ans.

Qu’est-ce qui vous motive à vous présenter à la direction l’ASM?

Je crois que la vie est un grand livre dans lequel chacun écrit ses chapitres. Pour moi, après mon parcours et les expériences que j’ai vécues, le temps est venu d’ouvrir celui-là. En termes moins poétiques: je ressens le besoin de mettre à profit ce que j’ai acquis jusqu’ici, au niveau national. Et quoi de mieux, dans cette optique, que de rejoindre la direction de l’association faîtière? A mon sens, il ne faut le faire ni trop tôt, ni trop tard. Et à mon âge, c’est le bon moment.

Votre pedigree correspondrait également au profil recherché pour les membres de la commission de musique…

Peut-être, oui. Mais par mon travail, notamment, j’ai été confronté à une telle quantité de tâches organisationnelles – toujours dans le domaine musical, bien sûr –, que j’imagine être armé pour embrasser cette nouvelle carrière. Musicien professionnel, mais gestionnaire par la fonction, je pense que c’est un bon début…

Pourquoi les délégués devraient-ils vous élire, quels sont vos atouts?

Parce que j’ai deux oreilles [rire]. Plus sérieusement, tout en restant dans le registre: mon oreille gauche est et sera attentive aux idées et préoccupations des jeunes – notre relève –, la droite saura écouter les desiderata, remarques ou suggestions des plus anciens, dont l’expérience au sein de nos sociétés de musique vaut de l’or et qu’on ne saurait en aucun cas bafouer. Le côté intergénérationnel est une aubaine qui ne se rencontre presque que dans notre milieu. Sachons en être suffisamment conscients pour la préserver.

Et sur un plan plus «opérationnel»?

Mon métier m’a appris à assurer un suivi irréprochable des dossiers et des projets. Par ailleurs, j’ai sillonné la Suisse en long et en large durant des décennies. Je suis donc sensible aux différences de culture et j’ai appris sur le terrain à m’exprimer dans la langue de Goethe.

Portrait de Fabrice Reuse Foto: Nathalie Gobet-Vial
«Je suis sensible aux différences de culture.»

Vous travaillez depuis longtemps au Centre de compétence de la musique militaire, un avantage dans la perspective de votre collaboration au sein de la direction de l’ASM?

Il y a indéniablement des parallèles à tirer entre les deux entités. Et même entre les deux mondes, à savoir la musique civile et la musique militaire. Tout le monde veut bien jouer, évidemment. Mais bien jouer commence par être bien organisé, qu’on soit musicien de la Fanfare d’Armée suisse, ou de sa société de village.

Une fois élu, en faveur de quoi aimeriez-vous vous engager de manière générale?

Difficile pour moi, maintenant, de prétendre pouvoir jeter mon dévolu arbitrairement sur l’un ou l’autre sujet. Le travail d’un tel organe se fait en équipe, en fonction d’une répartition des tâches définie sur la base d’un consensus. Mais évidemment, je me ferai fort de porter la voie latine et de la faire entendre au niveau national, tout en gardant conscience du multiculturalisme existentiel de notre pays.

Le cas échéant, vous rejoindrez la direction de l’ASM une année avant la FFM26. Source de stress ou motivation supplémentaire?

Evidemment une source majeure de motivation.

Pourquoi?

Mais parce qu’il faut absolument que cette fête ait lieu. Et dans cette optique, même si je prendrai le train en marche, je m’investirai corps et âme pour faire perdurer cet événement hors norme.

De manière générale, quel regard portez-vous sur le milieu de la musique à vent suisse?

La formation a connu une véritable explosion. Nos ensembles de pointe jouent mieux que jamais. Les liens entre les jeunes se créent rapidement, surtout grâce aux réseaux sociaux. Le tableau semble idyllique. Dans une certaine mesure, il l’est. Mais là encore, nous devons pérenniser les relations humaines, directes. Et notre milieu a tout pour bien faire. C’est une école de vie, un terreau social. C’est aussi pour cela qu’il ne peut pas s’éteindre.

Vous êtes malheureusement empêché de participer à l’Assemblée des délégués de l’ASM; un message à faire passer?

Lorsque j’ai été contacté pour ce poste, j’avais déjà réservé un voyage à l’étranger, que je ne pouvais pas annuler. Mais mon message serait le même si j’étais présent: j’espère obtenir votre confiance, vous avez la mienne.

Portrait de Maurice André Foto: Image libre de droits
Maurice André, trompettiste référence pour Fabrice Reuse.

Si vous étiez…

… un grand trompettiste…

Maurice André

… un style de musique…

L‘émerveillement

… un autre art que la musique…

L’art du bien vivre ensemble.

Partager l'article
Facebook
WhatsApp
Email
Telegram
Table de contenu

Ceci pourrait aussi t'intéresser