L’école du village emmentalois d’Oberburg propose depuis quelques années un cours facultatif de «brass band». Une opportunité mise en place grâce à l’engagement de la société de musique locale, Musik Frohsinn Oberburg. «unisono» s’est entretenu avec Christian Siegenthaler et Jan Müller au sujet de cette offre et de la promotion de la jeunesse.
Jan Müller
Professeur de musique et formateur pour l’offre scolaire, ainsi que directeur des Young Brassers, de Musik Frohsinn Oberburg et du Brass Band Emmental
Christian Siegenthaler
Tubiste, initiateur, générateur d’idées et communicateur; connu sous le sobriquet de «fabrique d’idées», il s’engage pour la promotion de la jeunesse dans tout l’Emmental
La Musik Frohsinn Oberburg s’est fait un nom dans le milieu de la musique à vent, notamment grâce à l’Emmental March Contest (EMC), qu’elle a mis sur pied en songeant d’emblée à sa relève.
Un événement découverte pour commencer
C’est ainsi qu’un «événement découverte» a eu lieu lors du premier EMC, en 2019: une quinzaine d’enfants et de jeunes enthousiastes ont pu essayer des instruments de cuivre et de percussion, suivre des cours collectifs et se produire pour la première fois le soir, lors de la proclamation des résultats de l’Emmental March Contest – devant un large public –, en compagnie des Young Brassers Oberburg, la formation de jeunes de Musik Frohsinn Oberburg.
Christian Siegenthaler souligne l’importance de la publicité et de la communication – en versions imprimée et numérique – de l’événement découverte, p. ex. sous forme de dépliants et sur les réseaux sociaux.
Offre scolaire
En collaboration avec l’école d’Oberburg et l’école de musique régionale de Berthoud, Musik Frohsinn Oberburg a lancé pour l’été 2020 un module «Brass Band» en complément à l’enseignement dispensé aux enfants de la 2e à la 6e année.
Cette matière facultative permet aux enfants d’apprendre un instrument typique du brass band dans le cadre d’un cours collectif hebdomadaire. Musik Frohsinn Oberburg soutient le projet en fournissant des instruments, des lutrins et son savoir-faire, Jan Müller, son directeur, enseignant cette discipline depuis le début. Les partitions sont mises à disposition par l’école de musique. Les parents paient 20 francs par an et par enfant.
Offre scolaire pour débutants et avancés
Six enfants ont commencé le cours facultatif «Brass Band» à l’été 2020. «Pour nous, en tant que société, il apparaissait évident que nous soutiendrions à nouveau une telle offre en 2021. Mais en même temps, nous savions que nous avions besoin d’une structure pour les enfants qui ont commencé il y a un an, pour leur permettre de continuer à progresser», explique Christian Siegenthaler.
Après un an, les six enfants ont poursuivi la pratique de la musique dans le cadre de l’offre scolaire pour avancés. Musik Frohsinn Oberburg a pris en charge les frais afin que les trois inscrits au cours pour débutants puissent jouer ensemble malgré le nombre insuffisant d’inscriptions.
Instrumentation la plus simple possible
En été 2022, quinze enfants se sont lancés dans l’aventure du cours «Brass Band». «Pour qu’ils puissent eux aussi profiter au mieux de l’enseignement, nous avons demandé une troisième leçon, ce qui m’a permis de diviser le groupe de débutants», se réjouit le directeur et professeur de musique. En 2023, douze enfants ont continué et quinze ont commencé.
«Au début, il est essentiel de maintenir une instrumentation aussi simple que possible – cornet, baryton et euphonium, tous en ‹sib› – et d’aborder la chose sous un angle ludique. Alors, tout le monde s’amuse et il ne faut que peu de temps pour que le mécanisme fonctionne, ce qui permet aux enfants de se produire pour la première fois après à peine six mois», se réjouit le spécialiste.
Offre scolaire versus classe d’instruments à vents
«L’expérience de groupe est cruciale: bon nombre d’enfants qui n’avaient encore jamais eu de contact avec la musique à vent apprennent ainsi à jouer d’un instrument de manière collective en bénéficiant d’un suivi de qualité. Car la musique crée des liens par-delà les générations et les frontières», confirme Jan Müller, ajoutant dans la foulée qu’«il en ressort une connivence particulière entre jeunes et moins jeunes».
«Dans une classe d’instruments à vent, tous les enfants d’une même entité doivent s’impliquer, alors qu’avec l’offre scolaire, seuls participent les enfants désireux de faire de la musique et motivés», poursuit Jan Müller pour décrire l’avantage de la deuxième solution.
Marche à suivre pour les sociétés
Les matières à option estivales sont proposées dans les écoles au début de chaque année. «Il faut suffisamment de temps pour mettre sur pied une offre scolaire», explique Christian Siegenthaler, qui souligne encore: «Après le lancement d’un tel projet, les sociétés de musique ont assez rapidement besoin d’un ‹système› pour que les enfants puissent continuer.»
Et Jan Müller d’ajouter: «Il n’incombe évidemment pas à la société d’approcher l’école; il faut impliquer les écoles de musique. Or, ces dernières sont soumises à la loi sur les écoles au même titre que les établissements scolaires à proprement parler. Aussi une offre scolaire apparaît-elle comme un bon argument pour la mise en œuvre de l’article 67a de la Constitution fédérale, ce qui aurait dû se faire depuis longtemps.»
Financement et instruments
«En tant que société, il faut être prêt à financer l’offre scolaire pendant trois ans, pour un total d’environ 5000 francs», explique Christian Siegenthaler. «Il est par ailleurs impératif de disposer d’un bon instrument, en parfait état de marche et facile à jouer, pour que les enfants apprécient la pratique de la musique ou qu’ils se rendent fièrement à l’école avec leur coffre», affirme avec conviction Jan Müller.
Thomann Sàrl, par exemple, propose de bons instruments à des prix raisonnables. Par ailleurs, il vaut la peine de soumettre un concept aux fondations pour obtenir leur soutien. Les nouveaux instruments peuvent en partie être pris en charge par le fonds de la Loterie.
Passage aux Young Brassers
«Les enfants et les jeunes ont ainsi la possibilité de découvrir la musique à vent, et les sociétés de musique peuvent participer au processus dans la mesure de leurs possibilités», s’accordent à dire Jan et Christian. A Oberburg, à l’issue de l’offre scolaire, il est possible de rejoindre les rangs des Young Brassers. Et peut-être, après quelques année, ceux de Musik Frohsinn Oberburg.
«Les enfants devraient prendre des cours supplémentaires à l’école de musique régionale de Berthoud au plus tard dès le niveau ‹Young Brassers›, afin de se perfectionner», estime Jan Müller. Et là encore, la communication joue un rôle-clé, car désormais, la formation musicale de leur enfant coûte plus cher aux parents. «Musik Frohsinn Oberburg cofinance toutefois les instruments et les cours de l’école de musique», précise Christian Siegenthaler.
En marche vers la société de musique
«Nous verrons d’ici deux ou trois ans si le système fonctionne s’agissant de la promotion de la jeunesse et si les premiers enfants qui auront suivi la ‹voie de l’offre scolaire› garniront les rangs de Musik Frohsinn Oberburg et peut-être même, plus tard, ceux de la formation d’élite régionale, BBE», déclare encore Jan Müller.
Le JUBLE – le camp de brass band annuel des jeunes de l’Emmental – constitue une autre «rampe de lancement». Cette société indépendante est également soutenue par le BBE (qui met p. ex. des moniteurs à disposition).
«Les élèves de l’offre scolaire sont notre bien le plus précieux, conclut Christian Siegenthaler, c’est précisément pour cette raison qu’il est important que les membres de la société soient le plus nombreux possible à arborer leur veste ou leur t-shirt floqués lors de leurs concerts.»