Répondant à l’appel de l’ASM à privilégier les compositeurs helvétiques lors des concerts, l’Harmonie Municipale de Martigny va encore plus loin: elle consacre tout un programme à des musiciens valaisans le dimanche 3 décembre, à 17h00, à la Salle des Alambics.
«Nous consacrons d’autant plus volontiers ce concert aux compositeurs locaux que le Valais compte de nombreux talents», commente Dany Rossier, directeur de l’Harmonie Municipale de Martigny. Le programme du concert ne le contredit pas: hormis la «Ski-Symphonie» de Jean Daetwyler, toutes les pièces choisies sont l’œuvre de musiciens contemporains.
Un thème né il y a quinze ans
Ce sont ainsi des compositions de Théo Rossier, Gauthier Dupertuis et Ludovic Neurohr qui côtoient «When She Smiles», d’Aurélien Darbellay. Une pièce particulière pour le musicien de 31 ans: son thème principal trouve son origine dans un brouillon rédigé il y a environ quinze ans. «J’avais noté ce thème, comme d’autres, sur un bout de papier que j’ai conservé, se souvient-il. Je l’ai ressorti en 2018 quand je me suis mis à écrire sur un sourire. Très naïf, ce thème convenait bien à cette pièce.»
Création garante d’émotion
Achevée en 2020 dans une période peu propice aux concerts, la pièce a été laissée de côté jusqu’à ce que Dany Rossier fasse part de son intérêt. Le compositeur de Liddes la retravaille alors pour l’Harmonie; le 3 décembre verra ainsi la première de «When She Smiles». «La création d’une pièce provoque toujours une émotion incroyable, surtout si les musiciens prennent du plaisir», confie Aurélien Darbellay. Un tel moment réserve aussi son lot de surprises. «On découvre parfois que le chef parvient à rendre très intéressant un passage dont on n’était pas tout à fait convaincu, confie le Valaisan.»
De la structure imposée à la liberté
Aurélien Darbellay, comme d’autres, a débuté par la composition de marches – qu’il n’a pas toutes achevées –, un exercice qui n’est pas celui qu’il préfère. Parce qu’il n’est pas un grand adepte des défilés, et parce que la structure d’une marche «coupe un peu les ailes» du compositeur. Si un canevas rigide peut être apprécié dans les débuts, Aurélien Darbellay préfère à présent s’essayer à des formes plus libres.
Les pièces travaillées par l’Harmonie Municipale de Martigny offrent une diversité de formes certaine. «Ces jeunes compositeurs s’inscrivent dans une longue tradition de compositeurs suisses et valaisans, mais leur musique est originale et chacun crée son propre univers», apprécie Dany Rossier.
Leur travail est déjà reconnu; l’Orchestra di fiati della Svizzera italiana, à Lugano, a par exemple créé une pièce d’Aurélien Darbellay, «Dark is the Horizon», sélectionnée sur la base d’un concours. Les concours, comme les commandes, sont une bonne occasion pour un compositeur de se mettre au travail. «Mais les bons auteurs sont nombreux. Il faut être prêt à ne recevoir aucune réponse si son travail n’est pas retenu», relève Aurélien Darbellay. Un refus ne doit pas conduire à abandonner ni à «brûler la pièce», plaisante-t-il. A demi: «When She Smiles» ne serait pas passée loin de connaître un tel sort. Heureusement épargnée, cette pièce permettra au public de constater que la composition suisse, valaisanne en particulier, se porte bien.